Au départ de Boden, 877 km en vélo sur les petites routes du Nord de la Suède - juin 2022.
Graviers, parce que j'ai cherché au maximum à emprunter les petites routes non revêtues, très fréquentes dans le nord et moustiques parce que cette année ils sont particulièrement virulents, pire que la peste...
Presque 3 ans que ce voyage était dans les cartons... Tout était prêt pour le faire en 2020, en partant de Mo I Rana et aller jusqu'à Inari, le billet pour le ferry était déjà acheté quand le covid a tout remis en question. En 2021, la Norvège ne semblait toujours pas décidée à rouvrir ses frontières et le voyage s'est transformé pour partir de Strömsund et rejoindre Inari, mais n'a toujours pu être réalisé. Et finalement, il est devenu une boucle au départ de Boden en 2022.
La question "comment rejoindre le nord de la Suède avec un vélo" se pose à nouveau. Vu le nombre de routes non revêtues, faut-il prendre mon VTT ou puis-je m'y risquer avec le vélo pliant et ses petites roues de 20", plus difficile sur de mauvais revêtements? Si c'est le VTT, il faut se décider pour l'avion jusqu'à Luleå, ni SJ ni VY ne voulant accepter de vélos dans les trains. C'est d'autant plus difficile que les incertitudes liées au covid sont toujours là. Finalement, les places en avion se réduisent et les prix augmentent et ce sera le train et le vélo pliant sans trop d'hésitations.
C'est aussi l'occasion de tester la route via Rostock et Trelleborg, que je n'avais jamais emprunté jusqu'à présent. Donc tout d'abord l'ICE de Liège à Köln, et ensuite train de Köln à Rostock. Deux petits bémols:
À Rostock, il faut évidemment rejoindre le terminal du ferry qui est à 12 km de la gare. Mais pourquoi est-ce toujours le déluge quand je dois prendre un ferry avec mon vélo?
Le ferry arrive à 5 heures 40 à Trelleborg. Mais nous avons tous été éveillés à 4 heures 30 par une annonce disant que le restaurant est ouvert pour le petit déjeuner. En dehors de cela, le ferry est une bonne solution: pas d'hôtel à trouver pour passer la nuit et possibilité d'avoir un lit pas trop (?) cher, sans devoir prendre une cabine.
À Trelleborg, train sans problème pour Malmö et ensuite pour Stockholm.
Arrivé à Stockholm à 14 heures 20, j'ai presque 8 heures d'attente pour le train de nuit vers Boden et Luleå, donc petit tour dans Stockholm.
À 21 heures 30, le train arrive en gare. Pas de chance, je vais devoir partager mon compartiment avec l'ivrogne de service... Sa première question quand il m'a vu : you will a beer?
Pas beaucoup de différences depuis que VY exploite la liaison à la place de SJ. Même matériel un peu usé... ah oui l'uniforme des agents est vert au lieu du noir.
Presque 2 heures de retard à l'arrivée. Le temps de tout remonter sur mon vélo et de faire quelques achats, il est 13 heures 30. Aujourd'hui j'irai jusqu'à Älvsbyn, rien de bien difficile. Tiens, curieux, beaucoup de moustiques chaque fois que je m'arrête.
Pour commencer la journée, quelques achats. Le prochain magasin est dans 170 km. Il s'agit de ne pas mourir de faim.
Aujourd'hui, début des routes non revêtues... la piste n'est pas en très bon état, visiblement pas très fréquentée par les voitures. De plus elle monte presque tout le temps. On passe de 30 m d'altitude à plus de 450.
Et ce soir, montage rapide de la tente sous la menace de l'orage.
Hier, les difficultés de la route m'ont complètement absorbé et je n'ai même pas pensé prendre une photo. Allez, aujourd'hui on rattrape le temps perdu
À Nyvall, au bord du lac, il y a des barbecues et des abris. Comme un orage menace à nouveau, je ne peux pas résister et je m'y installe pour la nuit.
En début d'après-midi, arrivée à Malå. J'avais d'abord pensé m'y arrêter - il y a un camping - mais c'est un peu tôt. Après un petit tour au magasin et au cimetière (pour faire le plein d'eau), en route vers Arjeplog (c'est le prochain magasin, dans 145 km).
Aïe, un petit panneau travaux sur 12 km en bord de piste ne présage rien de bon.Effectivement, après une dizaine de km je tombe à nouveau sur une zone où l'on a remis du gravier. La couche est tellement épaisse qu'il est tout simplement impossible de rouler et je devrai faire 2 km à pied en poussant le vélo.
En fin de journée, arrivée à Arjeplog. Le camping est un immense camp de vacances et je n'ai vraiment aucune envie de m'arrêter dans ce genre d'endroit. Donc à nouveau petit tour au cimetière pour le plein d'eau et une petite conversation et passage au magasin. Mon vélo se transforme en épicerie ambulante car, à part un tout petit magasin à Moskosel, il n'y a plus rien pendant 275 km.
Aujourd'hui, départ pour une grande boucle vers le Nord sur des petites routes le long desquelles il n'y a que quelques hameaux isolés.
En milieu d'après-midi, arrivée à Moskosel. L'épicerie est assez spéciale. Il n'y a pas de personnel en permanence dans le magasin. Pour entrer, il faut scanner un QR code sur la porte et obtenir une autorisation de sa banque. Ensuite, à l'intérieur on scanne ses achats et on paie par carte uniquement.
Évidemment, il ne connait pas ma banque... Comme j'avais lu et traduit les instructions avant de partir, j'arrive quand même à entrer en m'adressant au café voisin.
Peut-être qu'une bonne douche et un peu de lessive serait au ssi pas mal. À Moskosel, il y a aussi un petit camping. Pas de chance il n'ouvre que dans deux jours. J'en profiterai quand même pour faire le plein d'eau.
À 7 heures, je suis réveillé par la pluie. Pas vraiment le choix, si je veux manger les prochains jours, il faut avancer. Aujourd'hui il n'y a pratiquement que des petites routes non revêtues et celles-ci se transforment rapidement en champ de boue. En fin de journée, j'avais espéré trouver au moins un camping à Kåbdalis, mais c'est en fait un caravaneige, fermé à cette saison.
La pluie s'arrête enfin en début de matinée. Tous mes vêtements sont toujours trempés de la veille et mon vélo couvert de boue. Les vitesses ne passent plus correctement et je suis obligé de nettoyer les dérailleurs en prenant de l'eau dans un fossé.
Je suis un peu découragé et finalement je décide de modifier mon itinéraire et d'aller aujourd'hui jusqu'à Jokkmokk en suivant la E45. Pas tout à fait une bonne idée, vu le nombre de mobilhomes qui me dépassent le long de la route.
Ouf le moral est revenu (rien de tel que la patisserie suédoise) et je décide d'aller jusqu'à Messaure pour rejoindre mon itinéraire
Ah Nattavaara... trois ans qu'on en parlait à la maison. Et alors quand est-ce que tu te décides enfin à y aller? Eh bien, cette fois, c'est fait.
En fin de journée, je tombe sur un abri censé être juste sur le cercle polaire. Pourquoi ne pas y passer la nuit? Encore une mauvaise idée. Les moustiques tournent tellement autour de moi que vers 10 heures je décide de monter ma tente dehors.
En reprenant la route, le lendemain, quelques centaines de mètre plus loin, je vois des panneaux annonçant que je franchis le cercle polaire. Mais finalement, il est où ce cercle polaire? à hauteur des panneaux, près de l'abri? Eh bien non. Rentré à la maison, et en vérifiant avec la carte officielle de la Suède, il est presque un km plus au nord...
Depuis Nattavaara, la route descend jusqu'à Boden et aujourd'hui, le paysage change complètement. Il y a à nouveau des fermes, des cultures et des fleurs.
Et en début d'après-midi, retour à Boden avec 899,9 km au compteur (et seulement 877 mesuré sur la carte).
Aujourd'hui c'est Midsommar... pas de trains vers Stockholm. Donc petit aller-retour en vélo jusquà Luleå.